Je m’appelle Marie Choisne; j’ai bientôt 40 ans au mois d’août, j’ai un compagnon qui s’appelle Vincent, et je suis « bipolaire », voilà!
Selon la déinition du VIDAL, les troubles bipolaires, anciennement appelés « psychose maniaco-dépressive », sont caractérisés par des variations de l’ humeur disproportionnées dans leur durée et leur intensité.

Sur recommandation de mon psy, je ne suis pas en capacité de travailler pour l’instant, mais cependant je m’occupe au jardin de mon grand-père, et suis également investie dans l’association des « Etincelles 72 ». Je distribue les tracts, dessine des « mandalas », regarde la TV, et adore pratiquer la marche.

A la suite du violent divorce de mes parents, source de mon trouble, j’ai fait ce que l’on appelle une « décompensation » psychotique, ou rupture de l’équilibre psychique, se caractérisant principalement par le fait de « sortir du réel ». Les violences conjugales dont j’ai été témoin dans mon noyau familial ont été jusqu’à des tirs à la carabine…juste pour dire les choses telles quelles. Mon père était alcoolique et ma mère perverse-narcissique. J’ai comme hérité de leurs propres troubles mon trouble « bipolaire ».

Au début, je ne savais pas ce que cela signifiait réellement, j’imaginais que cela ressemblait à de la « schizophrénie »…mais non pas du tout en réalité ! Je me suis alors posée des questions, remise en perspective, et cela m’a aidé à comprendre ce dont je souffrais. D’un caractère très très réservé, parlant peu ou pas, suis devenue plus extravertie qu’auparavant, plus déterminée à m’ouvrir aux autres.

Je trouve cela bien mieux qu’avant mon trouble bipolaire s’est révélé au lycée : j’imaginais des choses incohérentes ou extériorisais d’un coup mes pensées sans crier gare !
J’avais par exemple imaginé qu’une de mes profs voulait manger des avocats avec moi et l’ai interpellé fort en disant sans qu’elle comprenne pourquoi: « J’ai ramené mes 2 avocats !! « .

Bref ! Dans le même ton, j’ouvrais toutes les portes du ycée en criant fort : « J’veux passer mon Bac! J’veux passer mon Bac! » Une prof a réagit: « Oulala mademoiselle! Vous n’avez pas l’air bien, je vous emmène à l’infirmerie (…) ». L’infirmière connaissait un peu mon histoire familière et là, je me suis effondrée, perdant toute faculté de m’exprimer, mes moyens, mes forces, totalement déphasée.

Ne dormant plus non plus, de fil en aiguilles je me suis retrouvée aux Urgences Pédiatriques car j’étais encore mineure, conduite par ma mère, inquiète. Après plusieurs examens, on m’a envoyé en HP, où j’ai été soignée pour « dépression », puis ensuite diagnostiquée « bipolaire »… Je ne connaissais rien de cette maladie, étais isolée dans une chambre, n’avais quasiment pas de contact avec les gens. J’avais peur et c’était une péiriode difficile à vivre.

Mes parents étaient catastrophés du diagnostique, ne savaient pas quoi faire. Jamais je n’ai été facile ni avec l’un ni avec l’autre, et leur en voulais de m’avoir peu épargné, de m’avoir causé autant de souffrance par leurs comportements mon oncle et ma tante étaient présents pour moi, bienveillants, confiant sur le fait que « je m’en sortirai ».

La facette de la maladie que je déteste le plus est celle qui me rend « agressive » envers les autres car c’est compliqué de rattraper l’attitude conflictuelle liée à la pathologie.

Je suis sous traitement médicamenteux et le rééquilibrage des doses est souvent réévalué, diminué ou augmenté, selon…Ce n’est pas toujours évident… Les traitements justes et adaptés ne sont pas simples et les effets secondaires souvent pénibles (montées de lait, cycles hormonaux déréglés, prise de poids conséquente etc).

Aujourd’hui, c’est à peu près équilibré et ma vie s’en ressent positivement: je conduis, je sors avec mes amis, me sens chanceuse. Côté soins médicaux, je dois dire que tous les médecins, infirmiers, aide-soignants que j’ai croisé durant ma vie, ont été tous très gentils, attentifs, bienveillants, compréhensifs, géniaux.

Sauf pour les restrictions « surtout durant la crise Covid » à Allonnes, moins permissives pour faire des balades à pieds autour de l’hôpital, recevoir des visites et autres…et moi j’aime bouger, marcher, me promener, alors je ne veux plus jamais retourner là-bas.

Les conditions en hospitalisation pour moi me laissent décider d’être enfermée la nuit car j’ai subi un viol par le passé en hospitalisation et je ne veux pas revivre une chose aussi terrible.

Je ne dors jamais d’un sommeil profond, suis restée méfiante. Je veux manger seule et en paix aussi, être « dans ma bulle » quand je le souhaite. A la question est-ce que cette maladie m’a apporté quelque chose de positif, je réponds sans hésiter oui!

D’une personne effacée je me suis transformée en personne ouverte, extravertie, parlant facilement sans timidité aucune, plus confiante, créant du lien entre les gens partout où je passe.

Je suis catholique pratiquante et cela m’a bien aidé je dois dire; en revanche, je déteste tout ce qui s’assimile aux sectes.

Si je dois avoir un mot de la fin c’est sans doute le bénéfice de la « remise en question », la compréhension de qui l’on est vraiment et profondément. Je crois avoir exploré ce champ introspectif et peut-être que mon expérience servira à d’autres.

Mon super pouvoir serait ptet bien celui de la création de liens entre les gens, un pouvoir humain, fédérateur de positivité! 😉

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