Je m’appelle Julie, 28 ans, vis au Mans et je suis atteinte du trouble de « l’anxiété sociale » (TAS) depuis que j’ai vécu du harcèlement scolaire au collège, de personnes que je considérais comme amies loyales.
Le profond sentiment de trahison, d’injustice, et de déception, sont sans doute à l’origine de mon trouble.
Au début, j’avais à l’esprit une inquiétude en songeant chaque jour à ce que ces fausses-amitiés allaient dire ou penser de méchant ou de risible sur moi.
Cette angoisse émotionnelle est devenue persistante, me stressant de façon figeante, rien qu’à l’idée de me retrouver face aux critiques et moqueries malveillantes.
Si des amis peuvent ainsi se révéler l’inverse de ce qu’ils semblent dire, alors tout lemonde peut potentiellement devenir un ennemi sous le masque du sourire.
Cette pensée s’imprime et tourmente.
Au fur et à mesure, le stress s’est installé sans relâche, jusqu’à prendre l’ampleur d’une anxiété chronique qui m’a poursuivi durant mes années de lycée, comme une ombre faisant obstacle aux intéractions constructrices avec autrui.
Voulant comprendre ma souffrance intérieure, j’ai cherché seule des informations de manière autodidacte sur les symptômes « d’anxiété sociale » qui m’empêchaient de bien vivre en communauté. En effet, la honte et la peur de rougir (éreutophobie) à chaque mot lancé en me ciblant, sont des ressentis prédominants et somatisants.
Adulte, j’ai d’abord vu une psychologue qui m’a parlé du spectre « des troubles anxieux généralisés », dont le paroxysme est la phobie pure; et qui m’a ensuite renvoyé vers un médecin spécialiste et des traitements biochimiques.
Ce dernier m’a orienté bien plus tard à faire une demande RQTH car « tout mouvement hors de soi » est dans mon cas compliqué; l’adaptation au monde du travail inclus.
La prise en charge en ce sens m’a permis de ne pas me contraindre à subir, et de fait, à « mieux m’adapter » à cette maladie qui fatigue également beaucoup, créant de grosses baisses énergétiques.
Une fois le diagnostique posé, je n’ai pas vraiment ressenti de difficultés à l’évoquer et mon environnement a intégré l’information sans problème.
Le prisme de ma maladie le plus dérangeant est le sentiment de mal aisance, les sensations bloquantes, l’incapacité à me départir de l’émotion de la peur, mais je progresse dans la compréhension et la transformation de ce handicap.
Je suis sous traitement anxyolitique, conjugué à des médicaments complémentaires, aidant à la régulation émotionnelle par la chimie du cerveau.
Du coup, je n’ai pas tellement l’habitude de ressentir de manière excessive, je suis dans la mesure médiane; et si d’aventure cela m’arrive quelquefois cependant de ressentir massivement les choses,
je suis alors débordée sans réellement pouvoir gérer.
Il faut dire que je me suis quelque-part suradaptée en faisant des études, et je n’ai pas trop de recul d’observation pour jauger l’évolution ou l’involution de mon trouble.
A force d’efforts pendant cette période où je ne suivais pas de traitement médicamenteux, je m’en demandais tellement…beaucoup trop d’ailleurs, mais désormais, je n’agis plus de cette façon, accepte le lâcher-prise en prenant soin de moi via les traitements de ce trouble neuro-atypique, via également une écoute attentive de mon corps et mon esprit, ainsi que de ce que je ressens lorsque les choses me paraissent trop difficiles à surmonter ou épuisantes pour moi.
J’essaie de m’écouter intérieurement.
Le côté positif de mon trouble de l’anxiété est que j’ai sans doute « gagné en qualités humaines », développant un caractère « non jugeant » vis à vis d’autrui puisque le contraire est l’origine source de mon trouble handicapant.
Je compatis en connaissance de cause ! Je comprends mieux l’idée « d’altérité ». Je m’intéresse au développement personnel et au domaine spirituel, travaille pour me connaître mieux moi-même, m’ouvrir plus au monde…
Mon handicap ne se manifeste pas tout le temps, et voir « au-delà » de ce handicap, est une forme d’espoir…
Moi j’aimerais bien imaginer que mon super-pouvoir serait celui de transmuer télépathiquement les « jugements » en « non jugements », la « peur » en amour et compassion universelle 😉 Du coup, mon TAS n’existerait pas du tout, anéanti par la bienveillance des uns envers les autrese…et sans doute que ce ne serait pas le seul trouble psycho-émotionnel qui disparaîtrait, bel espoir à co-créer humainemen parlant 😊 !.!