Je m’appelle Jean-Christophe et je possède un handicap invisible, dont le facteur déclencheur a été une grosse déception sentimentale me brisant le coeur et entraînant un état dépressif profond. Conséquemment à cela, un diagnostique psychiatrique a révélé que je souffrais mentalement de « schyzophrénie ».

A l’époque, je me souviens être passé par un épisode d’intense « délire mystique », où le Ciel et l’Enfer s’entre-mêlaient dans mon esprit chaotique, et m’amenaient à me percevoir tantôt comme un ange, tantôt comme un démon.
Ceci était très éprouvant pour moi qui ne parvenais plus à distinguer le réel de l’hallucinatoire, et j’ai en outre volontairement été chercher l’aide de praticiens clinique, me faisant interner en hôpital psychiatrique de jour, libre de mes sorties et entrées, tout en ayant le bénéfice de soins.

Je ne connaissais rien à tout cela, j’avais alors juste 21 ans, et le diagnostique a suscité en moi l’élan de la compréhension. Je ne suis pas passé par toutes les phases établies dans le trouble schizophrénique du mental, dans son échelle de nervosité, s’accroissant en fonction des facteurs environnementaux, des traitements médicamenteux, et autres.

On confond souvent le « trouble dissociatif de l’identité » (TDI), précédemment nommé « trouble de personnalité multiple », qui est un type de trouble dissociatif caractérisé par 2 identités (ou +) alternantes (appelées alters, états autonomes ou identités du moi); et la schyzophrénie; mais en réalité ce sont de fausses idées car ces deux maladies mentales sont très distinctes :
La schizophrénie est un trouble mental chronique qui se manifeste par une perte de contact avec la réalité et des hallucinations; aucun « alter(s) » ne partage(nt) la même conscience. Par réceptivité et réflection, c’est-à-dire « effets miroirs », en « réaction à… »; selon ce que je « recevais » de mon environnement, du regard d’autrui, de la société etc. alors je réagissais.

Mes proches ont été evidemment bouleversés, à commencer par ma mère, très déçue quelque-part par « ma descente aux enfers », amorcée dès 2002.
J’oscille entre comportement « généreux » et « destructeur » envers moi-même.
Il n’est jamais question des autres, tout se passe plutôt comme un « dialogue interne, intimiste »; qui parfois prend la forme dangereuse de l’auto-destruction, allant jusqu’aux tentatives de suicide (TS).

Je me souviens d’un épisode comme çà, à un moment où les infirmières m’ont dît: « C’est pas un hôtel ici, c’est un hôpital! Vous êtes en capacité de vivre à l’extérieur Monsieur !
Vous savez où aller non ?! » ; et auxquelles j’ai répondu: « Ouaip ! Je sais que je vais aller à la gare, directement sur les rails, en attendant le train ! »
Retour donc de fait à l’hospitalisation, sans autre forme de discusssion de la part des infirmières, comprenant que soudain je venais de libérer une parole lourde de conséquences, en lien avec ce qui se passait dans mon mental, comme une mise en garde de mon esprit conscient, demandant à ma bouche d’énoncer une probabilité de désespérance « auto-criminelle » à un personnel hospitalier sensiblement maladroit dans certaines phrases jetées, et pourtant susceptible de me « rattraper au vol dans cet élan de pulsion de mort » !
Bref, pas facile à gérer ce dualisme intérieur entre vie et trépas… !

Anxyolitiques, neuroleptiques, somnifères, antipsychotiques etc.
20 médicaments par jour pendant cet épisode aigü de la maladie en 2002, considéré par les psychiatres comme un sévère « délire mystique », où j’ai d’ailleurs consulté 5 psychiatres pour la dite « phase de rééquilibrage mental ».

J’ai vécu 18 hospitalisations en 20 ans, plus aucune ces 8 dernières années, considéré en « rémission » par les médecins.

Je suis passé de l’opulence de traitement médicamenteux à une réduction quasiment totale désormais, où ne demeure qu’un seul médicament, conjugué à une unique injection tous les 28 jours.
Je ne prends plus de somnifères, ai mis en oeuvre des outils de résilience qui ont porté peu à peu leurs fruits.
De surcrôit, le comportement du personnel hospitalier face à la compréhension de ma pathologie semble avoir évolué positivement,et c’est indéniablement un facteur important dans mon ressenti émotionnel, la sensation de ne pas être « jugé à l’emporte-pièce », regardé « de biais », avec un air dubitatif qui paraît « nier » la véracité de la maladie puisqu’elle n’est pas visible physiquement, tapie dans les méandres de l’esprit, non réellement mesurable ni ne rentrant dans une définition ferme qui esquiverait ses variantes nébuleuses sans automatismes de schémas redondants.

On a « testé » sur moi pas mal de thérapies médicamenteuses, à variation alchimique de dosage dans les posologies. Mais en outre, une chose s’est révélée certaine, au delà des expérimentations thérapeutiques : les épisodes de crises aigües ont diminué considérablement grâce à la « libération de la parole », à la communication « non violente ».

Les médecins s’en sont finalement rendus compte! Bah les psychologues sont là pour cela; à savoir « conscientiser par la verbalisation, faire émerger le subsconscient etc. », et les psychiatres quant à eux sont là pour la médicamentation, le dosage alchimique rééquilibrant le cerveau. Certes !
J’ai émis des doutes quant à la capacité des psychiatres à trouver des angles de guérison autres que par la biochimie et l’anesthésie des symptômes.
Sur le nombre, l’un d’eux m’a dit texto: « Faudrait ptet arrêter les conneries ! » Evidemment, non seulement je ne déconne pas par jeu de me sentir déconnecté du réel, mais suis « victime » de cette pathologie puisque n’en ai pas le contrôle, principe des maladies pour lesquelles on suscite de l’aide!
Indigné et choqué, bah j’ai bien-sûr cessé de consulter ce psychiatre là. Il en existe donc des comme çà ; même si pour le coup aujourd’hui çà paraît « insensé, voire fou!! ».

Un seul en réalité a répondu de manière satisfaisante à la question qui me taraude tant: « Qu’est-ce que la normalité? »; par ceci : « Cela dépend de votre référentiel. » Réponse m’ayant rassuré à vrai dire, sincèrement ! 😊

Depuis le début de ma maladie, je n’ai pas cessé de chercher du travail, d’être inscrit au « Pôle Emploi », ni de vivre relativement comme tout le monde, lorsque je n’étais pas hospitalisé, et que j’en avais la capacité.
Un des psychiatres qui me suit depuis une vingtaine d’années a bien voulu concéder que j’étais le 1er et seul de ses patients à bénéficier d’une allocation Handicap et à réclamer travailler en même temps.
Je suis quelqu’un de résilient, cherchant à me libérer de ce trouble qui habite mon esprit, ou plus précisément à vivre avec sans en pâtir trop, peut-être en lui négociant un espace interne qui ne lui appartiendrait pas, comme une colocation contractuelle bien ficelée! 😊

Selon moi, il faut creuser au delà des « symptômes pathologiques », parfois plus profondément que cela ne se fait aujourd’hui, afin d’excaver avec discernement la « source » de la maladie, d’en saisir mieux les rouages.
Je suis également quelqu’un de spirituel, de religieusement croyant; et discerner ce qui est du ressort de la « foi » de ce qui est « pathologique », n’est pas si simple, car on présume facilement, on explore sans faire table rase de ses acquis de connaissances, on préjuge, on définit; mais au fond, quelle est la certitude scientifique puisque la preuve n’est pas faite, plus qu’incertaine et donc discutable?
La parole du patient est la seule voie de compréhension selon moi.

Le « délire » est souvent lancé comme une « mise en accusation » qui crée un fossé avec le soignant-psychiatre; et fait « reculer » le patient dans son impulsion à se livrer véritablement, à exprimer tout ce que l’on ressent et pense et visualise à l’intérieur de « soi ».

La communication peut ainsi renvoyer beaucoup de violence, et engendrer une distance, un renfermement, un sentiment de rejet par le ton du « jugement », créer un sentiment d’abandon aussi, parce qu’on se sent isolé et prisonnier d’angles morts sans porte de sortie, comme une errance dans des limbes intérieures qui mènent à un labyrinthe abyssal et complexe dans son ergonomie, que les psychiatres appréhendent par frôlement, sans discernement de ‘l’altérité », sans « voir à travers le regard de l’autre qui est en souffrance et en questionnement ».

La connaissance uniquement par le versant du « connu » médical manque de quelque chose, quelque part. Discernement mais aussi perception plus élargie et plus holistique.

Allez hop, tentons un nouveau scénario divergeant, transgressant la notion de « handicap », de « trouble mental ». Ouvrons notre esprit comme le dirait l’auteur anglais Arthur Conan Doyle, en disant ceci: « Lorsque vous avez éliminé tout ce qui est probable; ce qui reste, même improbable, ne peut être que la vérité! »… attitude d’ouverture dans la science, nous sommes d’accord!
Prenons cette autre citation de Charles Baudelaire: « Nous sommes tous le Ciel et l’Enfer! »…Il n’est d’ailleurs pas le seul à évoquer cette dualité chez l’humain puisqu’elle est soulevée depuis les temps de l’aube des civilisations premières.
Est-ce uniquement des croyances qui s’affrontent dans ma tête, ou bien serais-je moi-aussi un être doté de super pouvoirs qui ne parviennent pas à transcender les conditionnements internes du mental trop structuré?
On reconnaît à cet instant l’imperméable et la clope au bec du charismatique héros de « Comics », portant le nom de John Constantine 😊 …

En serais-je une incarnation? Oui, ce John Constantine là, celui là même qui, à demi-ange à demi-démon, est devenu un « mystique » oeuvrant pour le monde, un « sorcier blanc », combattant les forces de l’ombre dans sa « mission de vie » (servant l’humanité qui ne « voit » que ce que le monde visible lui laisse voir avec le filtre des limites visuelles), et le damnant au sacrifice de sa propre âme.

A lui aussi il lui arrive de se retrouver submergé par des « visions » qui n’ont rien d’hallucinatoires, mais révèlent des réalités et des multivers au delà de la réalité matérielle. Cependant, dans certains épisodes de cette BD, on le retrouve entravé par une camisole de force, prostré dans une petite chambre capitonnée, gavé de médicaments, à morfle…Puis, il finit par croire qu’en effet il hallucine, qu’il est complètement en dehors de la plaque du réel, fou à lier!….sauf que ce jeu là est un jeu de tortures auquel se prêtent avec cynisme les entités des mondes inférieurs, ceux des sous-bassements des Enfers, afin de semer les graines du doute dans la tête de Constantine qui est un obstacle pour eux. 😉 !

Alors supposons un instant que notre réalité ne soit qu’un « référentiel limité » (puisque le psychiatre évoqué plus haut définit le réel en fonction du référentiel) voilant d’autres plans de réalités, et que je sois moins « malade mental » que ce que la psychiatrie ne le présente…Intéressant non ?!
comme paradigme sortant des clous de l’ordinaire pour rejoindre ceux de l’extra-ordinaire, dont on ne sait au final pas grand chose… 😊 !

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